Pierre Hauchard était au service de cette maison depuis bien trop longtemps pour que ses oreilles ne fussent pas habituées, depuis l'office où il se tenait généralement, à reconnaître le pas de son maître, de sa famille ou de ses amis, sur les pavés de la cour.
Ce matin là, l'homme inspectait le garde manger, dont il faisait l'inventaire en prévision des récoltes estivales à venir. La provision de confitures était en grande baisse, et il se dit qu'il serait bon de faire venir bientôt quelques convois de Termonde, chargés de fruits nouveaux et de baies du jardin.
Alors qu'il achevait le rangement des étagères, il entendit clairement la porte cochère s'ouvrir, et des pas se diriger vers l'entrée. Mais comme il ne reconnaissait aucune des démarches dont il était familier, il se pencha vers la fenêtre sur sa droite, et aperçut, de dos, une jeune femme qui lui sembla charmante et élégante.
Aussi rapidement que ses rhumatismes le lui permirent, il s'achemina vers le vestibule, où la cloche venait de retentir. Il en ouvrit la porte de chêne, et dans le halo de lumière qui tomba soudain sur les pavés de la pièce, il fut immédiatement charmé par le pétillement des yeux qui se levèrent sur lui. Avec son sourire le plus engageant, il lui dit :
Le bonjour, gente damoiselle! Que puis-je faire pour votre satisfaction?